Dans "Le journalisme à l'ère électronique" (éditions Vuibert 2007) et dans "Communiquer en rich media" (éditions du CFPJ, 2009), je recommande une analyse des évènements complexes pour une utilisation optimale des moyens d'expression numériques.
J'avais, dès la rédaction du premier manuscrit en 2006, choisi le cas d'inondations catastrophiques comme exemple concret pour la mise en oeuvre de cette approche. La tragédie Xinthia actualise ce choix.
L'approche journalistique de ce type d'évènements consiste à décomposer un phénomène multifactoriel en problématiques simples, qui deviennent des unités de sens.
Regroupées en deux clusters de causes et de conséquences factuelles, ces problématiques simples permettent d'élaborer une stratégie rich media.
Il s'agit de déterminer les modes d'expression les plus efficaces pour rendre compte instantanément et en profondeur de chacune des six unités de sens.
Ainsi, la météorologie "appelle" des animations électroniques, des cartes et des graphiques de données. La pluie et les crues supposent des photos et des séquences vidéo. Même travail de répartition, avec des sons et des diaporamas, pour les trois autres unités de sens.
Une telle approche n'exclut pas le texte. Ne serait-ce, dans le cas de Xynthia, que pour expliquer la conjonction rare et nocturne entre les grandes marées et une dépression exceptionnelle.
Tous les moyens d'expression ayant été affectés avec le souci de la plus grande pertinence - "la vidéo, oui, si elle apporte beaucoup plus d'informations qu'un diaporama de photos" - le traitement en rich media s'achève provisoirement par la construction d'une architecture de l'information.
"Provisoirement", car les évènements complexes éligibles au rich media sont en général pérennes. Ainsi, l'émotion suscitée par les ravages de Xynthia ne devrait pas faire oublier les ravages que la pluie continue à provoquer en Haïti.